Qu’elle soit courbe ou droite, qu’elle sinue ou qu’elle zigzague, la ligne trace son chemin, sort du cadre pour y rentrer un peu plus loin, et poursuit sa route sur le papier qu’elle recouvre progressivement de son empreinte filiforme.
Elle dévale les creux et escalade les bosses inlassablement, avec la même confiance et la même tranquillité que lorsqu’elle suit une trajectoire rectiligne.
Vue de près, on pourrait croire qu’elle va sans but, au petit bonheur la chance et que le hasard, seul, guide ses pas et ses détours, or, il n’en est rien.
Faites seulement quelques pas en arrière et le corps ou le visage sculpté au fil de ses pérégrinations se dévoilera à vos yeux.
Ainsi, arrivée au terme de son périple, à l’issue de ce voyage paisible, la ligne quitte la surface de la feuille, ce terrain d’exploration qu’elle a parcouru patiemment, mettant un point final à son existence (ou à sa ligne), puis, elle se retourne et contemple son ouvrage depuis la pointe du marqueur qui l’a vue naître et l’a nourrie de son encre, tandis que la main lui servant de guide la nourrissait de ses émotions.